HOPITAL DE LUNEVILLE : Chronologie d'un scandale annoncé !




L'Hopital de Lunéville, viellissant dans les années 2000 et sa maternité menacée font l'objet d'un projet d'investissement confié à un consortium financier constitué pour pallier à la déficience de l'Etat en matière de modernisation des établissements de santé, même procédé que celui employé dans les nouvelles prisons sous l'ère Sarkozy-Dati. On retrouve ces principes dans nombre d'opérations d'équipements publics avec des locations-ventes aux coûts exorbitants pour rembouser les intêrets et rémunérer les investisseurs, coûts que l'on retrouve bien évidemment dans les tarifications au public utilisateur.

Une fois ces équipements mis en service, la pression financière et l'exigence de rentabilité s'observent par la suite dans la gestion. Il faut faire baisser les frais de personnel et augmenter la productivité, ce qu'expliquent très bien les militantes et militants de la CGT lors de l'inauguration de l'établissement par le Ministre Xavier BERTRAND.

Autre aspect scandaleux, et avec l'assentiment du Parti Socialiste majoritaire à la Mairie de Lunéville et de la droite à l'époque du projet, le partage en deux du nouvel établissement avec la Clinique privée Jeanne d'Arc faisant partie d'un grand groupe d'établissements privés qui, finalement, au moment de la livraison du nouvel établissement, se désengage et laisse supporter à l'établissement public seul la charge des investissements et des échéances sur 30 ans.

Les conséquences n'allaient pas tarder à se manifester. Outre les suppressions d'emplois, les exigences de rentabilité communes à tous les établissements de santé, les conséquences sur la qualité des soins, le stress des salariés soumis au management, le service d'imagerie médicale est, dans la discrétion, donné au secteur privé à l'occasion de la mise en place du premier scanner à Lunéville. Rentabilité toujours, les examens d'imagerie sont exclus du tiers payant afin que les encaissements au secteur privé soient plus rapides .

Le mécontentement monte dans le Lunévillois, des patients nous alertent et en octobre 2012 une manifestation en ville est le premier acte d'une action qui se poursuit encore aujourd'hui en février 2013.

Pour compléter le tableau, les médias nationaux annoncent début janvier que le prix de journée d'hospitalisation LE PLUS CHER DE FRANCE, c'est à l'Hôpital de Lunéville et pour cause quand on connait maintenant les conditions dans lesquelles cet établissement a été recréé .

Cette analyse est certainement encore partielle, les informations parviennent au compte-goutte et se complètent les unes aux autres .

Contraints de s'exprimer enfin et sur la défensive, la direction de l'Etablissement ainsi que le Député-Maire LAMBLIN justifient ce que nous définissons comme du "RACKET" au détriment des patients, malades et du personnel par ces déclarations : 

" Oui le nouvel Hopital coûte cher, mais c'est mieux aussi".........

" L'établissement serait en déficit sans une subvention d'équilibre de l'Etat"....


Mais l'information la plus surprenante et scandaleuse donnée début janvier lors de la cérémonie de remise des médailles du travail est l'annonce du rapprochement prévu entre la Clinique Jeannne d'Arc et l'Hopital de Lunéville dans les temps à venir. Sans doute pour occuper les lits vides et prendre sa part des profits à réaliser. En attendant, c'est la population qui fait les frais de cette course à l'argent dans la santé, la notion de SERVICE pour le bien physique des patients n'est plus la priorité, l'Hospitalisation devient un commerce comme les autres avec ses lois et ses errements !

La Réunion publique Assemblée Citoyenne prévue le Jeudi 28 Février doit éclairer encore plus fortement les enjeux et les DANGERS de cette politique, permettre et inciter encore les citoyens à s'emparer entièrement du sujet SANTE, pour eux, leurs familles, leurs enfants .

Bernard MAURICE Secrétaire de Section PCF de Lunéville




R é u n i o n p u bl i q u e
As s e m b l é e c i t o y e n n e .
J E U D I 2 8 F E VR I E R
2 0h 3 0
S AL O N D E S H AL L E S
P l ac e l éo p o l d

"La Santé c'est notre affaire à tous "

Débats-Initiatives-Propositions-Actions

Avec la participation de:

Bernard MAURICE Secrétaire de Section PCF -Front de Gauche
Marianne MASSON Syndicaliste CHRU Vandoeuvre
Sandrine SONREL Syndicaliste Hopital de Lunéville
Marie-Sol ORTOLA du Front de Gauche

Invitations sont également lancées à la Direction de l'Hopital de Lunéville
ainsi qu'à Jacques LAMBLIN Député-Maire de Lunéville et viennent
s'expliquer devant la population.


Rythmes scolaires, ou l'art de mettre la charrue avant les bœufs







Réfléchir aux questions éducatives et en particulier à la mise en oeuvre des nouveaux rythmes
scolaires est bien difficile pour un élu de gauche aujourd'hui.
La réforme des rythmes, la refondation de l'école recueillait un large consensus cet été. En
décembre patatras, la refondation de l'école viendra après la mise en place des nouveaux rythmes.
Patatras, le projet de décret des rythmes scolaires n'a recueilli que 5 voix favorables au conseil
supérieur de l'éducation (les associations d'élus et des associations complémentaires de l'école). Les
fédérations de parents, les syndicats se sont abstenus ou ont voté contre.
Tous avaient donc des motifs d'insatisfaction.
Décliné au plan local la réforme des rythmes prend la même tournure. Elle prend donc en étau les
élus de gauche entre leur bonne volonté pour améliorer les conditions d'étude des enfants et le peu
de marges de manœuvres laissées par les choix politiques et financiers de leurs collègues ministres
et députés. Mais là n'est pas le plus grave. Mettre les rythmes avant la refondation de l'Ecole est
comme mettre la charrue avant les bœufs. Car l'Ecole c'est plus qu'une question de logistique et
d'emploi du temps.

Les médias ont repris les réserves des enseignants (qui ont été honteusement travesties en
corporatisme) et les difficultés des élus à mettre en œuvre la réforme.
Peu ont parlé des personnels des accueils périscolaires ou extrascolaires. Aujourd'hui on nous
affirme qu'un projet éducatif éducatif territorial leur permettra de passer du statut de garderie à celui
d'accueil éducatif. Un projet éducatif ne remplacera jamais un cadre réglementaire permettant de
définir des conditions matérielles d'accueil, des qualifications, conditions de travail et des statuts
des professionnels. Il faut une Loi.
Là est l'enjeu : les accueils périscolaires et les activités extrascolaires sont-ils éducatifs ? Ou l'on
élargit la sphère éducative réellement à ces temps et ils deviennent des espaces qui relèvent de la
responsabilité de la Nation, ou on réduit l'école au lire-écrire-compter et on ouvre le reste soit à la
municipalisation ou soit à la privatisation.
Car il ne s'agit pas que d'une question d'argent (qui paie ces temps dont on convient tous qu'ils sont
éducatifs) mais qui a la responsabilité de l'éducation et quelle est la finalité de l'éducation ?
Répondre à cette question relève de choix éminemment politiques.
Nous pensons que pour faire exister la République (de citoyens égaux), il faut des instituteurs (on
leur avait donné ce nom parce que leur mission était d'instituer la République). L'Ecole est au cœur
de ce projet. Elle a pour mission de combattre les inégalités et non de les renforcer. Les classes
populaires seront les seules affectées par le moins d'école publique (en quantité, durée et qualité).
Les forces de progrès ont obtenu l'école publique gratuite et obligatoire jusqu'à 16 ans, il se trouve
des forces pour demander qu'elle se prolonge jusque 18 ans. Elargir le périmètre de l'Ecole au
périscolaire est le nouveau défi.

En attendant on peut dans le cadre des municipales de 2014 élaborer des projets éducatifs
territoriaux, réunir tous les acteurs, … mais ne nous berçons pas d'illusions, nous serons bien loin de
la construction d'une alternative ambitieuse pour l'Ecole.

Marie-Christine Bastien

Nancy: réunion sur les rythmes scolaires.

Compte rendu de Evelyne Kuhn:
Une réunion sur les rythmes scolaires a eu lieu lundi soir 4 février, dans le local des Francas, à l’initiative d’élus PS (Bertrand Masson, Marianne Birck et Mathieu Klein). Etaient présents des enseignants, des parents d’élèves et des représentants d’associations (CEMEA, FRANCAS, Jeunesse et Sport).
La proposition de l’actuelle majorité à la mairie de Nancy est la suivante :
-        horaires du matin : 9h à 12h
-        pause méridienne : 12h à 14h
-        horaires de l’après-midi : 14h à 16h15
-        horaires du mercredi matin : 9h à 12h (non suivis d’un service de cantine)
L’ensemble des participants avait un avis unanime : cette proposition ne servira absolument pas l’amélioration des rythmes de l’enfant et ne fera qu’engendrer de nouveaux problèmes d’organisation pour les familles. La prise en charge des enfants hors temps scolaire ne prévoit donc pas la mise en place d’activités culturelles ou sportives ; ce sera un service de garderie comme celui que l’on connaît actuellement.
Sur Nancy, beaucoup de parents commencent à travailler à 9h. Ceux qui accompagnaient jusqu’alors leurs enfants à l’école à 8h30 et pouvaient en profiter pour rencontrer les enseignants ne pourront pas changer leurs horaires de travail et seront donc contraints de laisser leurs enfants à la garderie. De même, le mercredi midi leur pose un problème ; la mairie refuse un service de cantine supplémentaire et une prise en charge par des animateurs. Pour les petits de maternelle, commencer les cours à 14h est également un souci car cet horaire est trop tard pour les mettre à la sieste. Quant à ceux qui rentreraient chez eux pendant la pause méridienne, force est de constater que les parents les coucheraient après le repas et qu’ils seraient donc déscolarisés l’après-midi.
Les enseignants font remarquer que changer les horaires de classe des élèves ne suffit pas à améliorer l’école. Les programmes trop chargés sont également à revoir. Une mise en place d’activités culturelles et sportives assurée par des professionnels formés et compétents est nécessaire pour pallier aux différences des milieux sociaux des enfants.
Ceci a un coût bien sûr mais c’est un choix politique.
Les 3 élus ont proposé qu’après cette réunion se mette en place un groupe de travail avec des volontaires présents ce soir-là afin d’élaborer un projet écrit avec des contre-propositions qui serait présenté au conseil municipal et qui pourrait être mis en place lors d’un éventuel changement de majorité à la mairie de Nancy.

Evelyne Kuhn.




Grand Nancy: Intervention de Patrick Hatzig sur la santé.













Intervention CUGN 1er février 2013 – Patrick Hatzig - PCF
Nous nous sommes souhaités, en début d’année, une bonne santé,
Et tout au long de l’année, on boit un petit coup, en se disant à votre santé…
C’est signe que l’on y tient, à la santé.
C’est même un peu incantatoire pour repousser le danger.
J’ai regardé ce document, il est intéressant, il a l’ambition, le pari de la prévention.
Prévention, car :
Prévenir la malbouffe dès l’école,
Prévenir par le dépistage le plus large
Prévenir le manque de moyens financiers des plus démunis
Prévenir l’accès aux urgences et aux outils de santé pour ceux qui auraient le plus de difficultés à y accéder
C’est louable, citoyen, et responsable.
Mais si je mets en parallèle de tous ces efforts de la collectivité, l’inquiétude que l’on peut avoir sur le devenir de l’accès à la santé pour chacun de nous, je me dis « ne sommes-nous pas, collectivité en train de pallier à la déficience du modèle de santé qui fut longtemps le nôtre ? »
Le résultat des recherches, les progrès de la médecine (comme on dit) masquent des effets bien différents en terme de recul sur « la bonne santé », en France, comme dans d’autres pays dits « avancés » qui, selon des statistiques, vont même jusqu’à faire baisser l’âge moyen de la mortalité.
Bien sûr, nous sommes toujours prêts à souligner l’excellence des personnels et des outils, le dévouement des personnels et l’émerveillement devant les technologies les plus avancées.
Malheureusement,  nous constatons, que  l’offre publique de soins et son accessibilité, continue à diminuer du fait de fermetures de lits, de services hospitaliers, voire d’hôpitaux sur l’ensemble des territoires vus au plus larges.
Dans cet environnement qui génère un climat social dégradé, les établissements de santé font face à une forte problématique touchant les ressources humaines, liée autant aux contraintes tenant à la pénibilité du travail, à l’externalisation d’activités vers le secteur privé  et  aux difficultés à assumer correctement les missions. De plus, les moyens en direction de la Prévention sont en nette diminution.
C’est dans le cadre de la loi «Hôpital, patient, santé, territoires» (HPST), que ce sont préparés les différents volets, qui gèrent l’austérité des moyens financiers, humains et territoriaux.
Pourtant, l'augmentation des dépenses de santé est lente et régulière et inférieure à ce qui se passe dans beaucoup de pays de l'UE, mais le vrai problème est celui des recettes, des rentrées de cotisations sociales insuffisantes, avec plein d'exonérations, des revenus qui ne participent pas.
A force de restructuration réalisées sans concertation et d’économie souvent inappropriées, nous risquons bel et bien de basculer dans un régime à deux vitesses ou seuls les citoyens aisés pourront avoir accès au droit essentiel qu’est la santé.
Pas besoin de faire du misérabilisme quand nous savons tous que des personnes tardent pour aller se soigner les dents, acheter des lunettes, ou bénéficier d’un Kiné ou n’iront jamais. Il y a une extrême difficulté pour des personnes que d’envisager de dépenser des sommes folles pour se soigner.
J’espère que la prochaine réforme de l’assurance maladie n’interdise pas aux plus démunis l’accès aux soins, faute de moyens et d’hôpitaux  public à proximité.
La tarification à l’acte devenant la gestion financière des établissements, celle-ci plonge les hôpitaux publics dans des difficultés budgétaires irréversibles.
Cela veut dire que plus la durée de séjour du patient est courte plus cela rapporte de l’argent à l’hôpital, la durée de séjour doit donc être,  la plus courte possible.
Avant la mission première de l’hôpital était de soigner. Aujourd’hui ce qui est demandé c’est d’augmenter la rentabilité. L’hôpital est en train de devenir une usine à soin.
Pour venir sur le CHRU :
La Direction générale du CHU Nancy annonçait à la presse en Janvier 2011
« Le CHU Nancy est sur la voie de la génisson »
 Le déficit est passé de 33 Millions à 18 Millions
Mais à quel prix ?
Depuis Janvier 2011 La chambre individuel pour un patient est facturé 40 euros par jour (Que certaine mutuelle ne prennent pas en charge)
Il manque du personnel dans tous les secteurs, soignants, administratif, technique certaine équipe accumule plus de 700 heures supplémentaires en fin d’année 2012.
Les restructurations, réorganisation, mutualisation, des services impliquent un turn-over des agents et donc une prise en charge des patients moins adaptée. Le personnel est déstabilisé et le patient déconcerté.
Les plannings des agents sont modifiés à la dernière minute et en fonction de l’activité et des fermetures de lit, le personnel doit constamment s’adapter en fonction de l’activité, si celle-ci baisse on réduit les effectifs au pied levé mais aucun renfort si celle-ci augmente.
Dans tous les services les soignants sont surchargés de travail, ils courent de plus en plus et ils ne peuvent plus prendre soin des malades comme il le faudrait.
La fusion de la Maternité et de l’hôpital va supprimer des postes, les plus alarmistes disent 250, combien en vérité, quand chaque suppression de poste en est une de trop.
A l’inverse, il faut conquérir pour chacun le droit à la santé, qu’il faut définir  comme « un état de bien-être physique, mental et social » et nécessite d'investir dans le logement social, d'améliorer les conditions de travail et le cadre de vie.
Il faut reconstruire et développer un service public de santé basé sur la proximité et la qualité des soins avec les personnels, les élus et les citoyens.
Il faut favoriser la mise en réseaux des hôpitaux entre eux et avec la médecine ambulatoire pour développer la prise en charge technique nécessaire sans l'opposer à la proximité, pour réduire les temps d'attente dangereux et onéreux, pour contribuer à la coopération des professionnels entre eux. Assurer la promotion des centres de santé et le respect de leur vocation initiale d’accès aux soins pour tous.


Gauche Unitaire: L’égalité, maintenant !












Voici un texte rédigé par Gauche Unitaire (parti membre du front de gauche).


L’égalité, maintenant !
Le projet de loi qui vise à donner aux couples du même sexe le droit de se marier est un bon et juste projet. Loin d'être une utopie, il ne fait qu'entériner des situations déjà existantes et partout présentes. Loin d'être une rupture, il ne vient pas briser l'image du couple ou de la famille, mais au contraire, l’enrichir en l'adaptant aux contours de la société moderne.
A l’heure où justement beaucoup de couples choisissent de vivre en union libre, d'aucuns trouvent surprenante cette revendication, le mariage étant parfois perçu comme une institution sociale surannée. Or l’enjeu est ailleurs.  Quoi qu'on pense de cette institution, une société démocratique se doit de garantir l'égalité et d'offrir les mêmes droits à tous. En ce sens, le mot d’ordre de « mariage pour tous », s’il a le mérite d’être court et percutant, n’est peut-être pas le plus approprié sur le fond, l’enjeu véritable étant
l’égalité des droits face au mariage et donc la liberté pour chacun, quelle que soit son orientation sexuelle, de choisir de se marier… ou de ne pas se marier.


Après tout, qu'ont à perdre les opposants au « mariage pour tous » ? Rien, sinon la représentation d’une société qui n’existe pas ou plus, sinon la représentation de leur propre sexualité qu'ils estiment naturelle et donc normale. Et, c'est bien la marotte du noyau dur des leaders de l’opposition : l'homosexualité serait contre-nature. Ainsi, on naîtrait femme ou homme avec la conduite sociale qui va avec, une sorte de package livré dès notre venue au monde. Mais c'est encore méconnaître, à notre époque, que beaucoup de sociétés s'accommodent autrement de la représentation sociale du genre et des rôles qu'on assigne aux hommes et aux femmes. C’est une question avant tout culturelle et c'est bien ce que rappelait Eric Fassin dans une interview accordée au magazine  Têtu,  le 1er novembre 2011, alors qu'il était à ce moment question de mentionner le genre dans les manuels scolaires : « Le genre, au départ, c'est la construction sociale du sexe biologique. La différence des sexes n'est pas une donnée de nature immuable; elle n'existe que dans l'histoire. Ce que c'est qu'être un homme, ou une femme, ne peut donc être abstrait du contexte social. Le sexe est indissociable des normes sexuelles, qui, par définition, ne sont pas naturelles. Or, si les normes sont susceptibles de changer, cela veut dire qu'elles sont un enjeu politique. Ce sont les conséquences politiques de cette perspective qui mobilisent aujourd'hui les conservateurs. » Il en va de  même  aujourd’hui  avec  le  « mariage pour tous ». L’enjeu politique est majeur car l’opposition frontale des manifestants du 13 janvier dernier est sous-tendue par la défense d’un certain modèle familial. La lutte pour le droit au mariage des couples de même sexe s’inscrit ainsi dans une lutte plus globale contre un modèle familial unique, dominé par un père forcément protecteur, subvenant aux besoins de la famille et exerçant une autorité naturelle sur sa compagne qui, elle, consacre idéalement son temps à  élever leurs enfants. La mobilisation des opposants intervient comme une énième contestation de l’évolution des formes de la famille et de l’acquisition, souvent de haute lutte, de nouveaux droits pour les femmes depuis quatre décennies. Les opposants ont raison, il y a bien un enjeu de civilisation derrière cette modeste avancée juridique et sociale : il s’agit d’écorcher, à défaut d’en finir avec le modèle patriarcal et les rôles sociaux qui y sont associés.


Evidemment, la défense de la famille traditionnelle en tant que telle, on le comprend bien, ne serait pas très mobilisatrice et ne permettrait pas de déplacer 800 000 personnes. C'est bien pour élargir leur base sociale que les opposants au « mariage pour tous » en sont arrivés à se focaliser sur la question de la filiation, un angle qui permet de donner dans le pathétique, de jouer sur la peur, les affects et les émotions, d’agiter un sujet qui concerne tout le monde, sur lequel tout le monde a quelque chose à dire.
Pourquoi des homosexuels ne seraient-ils pas d'aussi bons parents que les autres  ? En quoi le fait d’être élevé par un père et une mère est-il une garantie ? Aucun couple ne peut s'ériger en modèle de parentalité tant la question de l'éducation d'un enfant est complexe et dépend en partie de facteurs qui dépassent largement la sphère familiale. De quoi un enfant a-t-il besoin en tout premier lieu, sinon de l'amour de son entourage et d'une situation stable ? Pourquoi des homosexuels ne pourraient-ils le garantir ? Si les opposants veulent trouver des motifs de difficultés dans la construction et l’épanouissement des enfants, qu’ils en cherchent autour d’eux, hors de la famille, dans la situation économique et sociale. On aimerait les voir aussi mobilisés sur la question des licenciements, du chômage, de la ségrégation scolaire, de la violence, du mal–logement et de la pauvreté, autant de violences sociales qui ravagent des familles entières et nuisent au développement des enfants.
Les familles homoparentales existent, comme existent des familles nucléaires traditionnelles,  monoparentales ou recomposées. On y trouve des enfants équilibrés, épanouis et d’autres qui le sont moins, comme dans toutes les familles. C’est également le constat du pédopsychiatre Serge Hefez qui déclarait dans Libération le 6 novembre 2012 : « De mon côté, si je suis, avec de nombreux autres confrères, favorable à cette ouverture [ouverture de l’accès à l’adoption et à la PMA aux couples de même sexe], c’est pour avoir reçu depuis une vingtaine d’années de très nombreux couples, enfants, adolescents vivant dans des contextes d’homoparentalité. [...] Les enfants que j’ai rencontrés ne me sont jamais apparus en danger, et les difficultés le plus souvent retrouvées sont celles d’affronter le regard des autres et l’hostilité ou l’incompréhension de leur environnement social. » Ce témoignage montre que ces enfants ne souffrent pas de vivre en infraction avec un prétendu modèle naturel mais avec une norme sociale et qu’ils peuvent ainsi être affectés par des regards malveillants ou stigmatisants. Des manifestations comme celle du 13 janvier dernier et le climat imposé par ses organisateurs ne font qu’accentuer ce sentiment de rejet et libèrent la parole homophobe. C’est ce que confirme Pablo Seban, un jeune homme élevé par deux mamans, qui lors des auditions à l'Assemblée Nationale, a déclaré avoir toujours très bien vécu sa situation familiale, maisreconnaît souffrir et particulièrement ces dernières semaines de  l'homophobie ambiante.

Ce questionnement sur le bien-être des enfants est tout à fait légitime et ne saurait être évacué du débat. Il mérite néanmoins d’être prolongé par une observation de la réalité : il existe actuellement des familles homoparentales mais qui, privées de reconnaissance, sont confrontées à des situations inextricables : que devient l'enfant lors du décès du parent officiel ? Que faire en cas de séparation pour protéger au mieux l'enfant ? Reconnaître la filiation des familles homoparentales et leur permettre comme toutes les autres familles, d’être  protégées par la loi permettra d’éviter ces situations pénibles à vivre.


L'adoption monoparentale est permise en France et n'a, à notre connaissance pas rencontré tant de réticences. Pourquoi dès lors s’opposer au droit à l’adoption pour les couples homosexuels au motif qu’un enfant ne peut être épanoui que s’il a une mère et un père ? C'est ce qui étonne particulièrement le très médiatique pédopsychiatre Marcel Rufo qui déclare : « En effet, il est curieux d'accepter l'adoption monoparentale et de s'opposer à l'adoption homoparentale sous prétexte que les enfants ne trouveraient pas chez les couples homosexuels les différences sexuées nécessaires à leur travail d'identification . »  Mais
l'adoption n'est pas l’objet central de la fronde des opposants au « mariage pour tous », pour la simple et bonne raison que le texte, une fois voté, serait inapplicable.  Très peu d'enfants sont adoptables en France, si bien que les couples hétérosexuels se tournent le plus souvent  vers  des  pays  étrangers  qui,  eux,  ne  permettent pas aux homosexuels d'adopter… Cet aspect de la loi serait donc simplement symbolique.
C'est donc la question de la PMA pour les couples de femmes qui cristallise toutes les peurs. Les opposants crient à la manipulation génétique, à l'avènement d'un monde où la conception serait coupée de la sexualité. Et nous voilà projetés dans les romans d'anticipation les plus effrayants ! Soyons sérieux : la PMA n'est pas nouvelle, les couples hétérosexuels y ont heureusement accès depuis fort longtemps sans que cela ne déclenche de telles polémiques. Et là encore, force est de constater que les situations existent avant la loi : des couples de femmes se rendent déjà dans d'autres pays européens, principalement en Belgique et en Espagne, dans l'espoir d'avoir un enfant. Cet unique recours, que les plus cyniques n'hésitent pas à nommer « tourisme procréatif », engendre de profondes inégalités puisque seuls les couples fortunés peuvent  y accéder, l'acte médical étant en effet très coûteux. Sans parler de toutes les  contraintes  imposées  par  les  traitements  qui obligent à s’absenter de son travail dans un cadre illégal.
Même s'ils s'en défendent, il y a un fond de ségrégation dans l'attitude des opposants au « mariage pour tous ». En manifestant le 13 janvier, ils s’opposaient tout simplement à la liberté de chacun de pouvoir construire sa vie comme il le désire. Ils stigmatisaient une partie de la population qui depuis plusieurs mois essaie de continuer à vivre sereinement, normalement.
Qui sont les formidables organisateurs de ce grand rassemblement du 13 janvier dernier ? Frigide Barjot ou Alain Escada, dont on connaît les liens avec l’extrêmedroite et les franges les plus réactionnaires de l’Église catholique, s’inscrivent dans une continuité qu’ils peinent à dissimuler. Daniel Borrillo, juriste à l'Université de Paris Ouest Nanterre, rappelle  dans un article paru dans  Libération  le  11  janvier  dernier,  que  les
opposants aux lois de progrès social sont les mêmes depuis des années. Les mêmes qui s'étaient déjà opposés au PACS, à la contraception et à l'IVG. Et surtout, voilà qui devrait intéresser ceux qui se défendent de toute homophobie, les mêmes qui s'étaient également opposés en 2004 aux projets de loi réprimant les propos homophobes ! Et Daniel Borrillo de citer en exemple les propos de Mgr Jean-Pierre Ricard qui jugeait ce projet de loi «inutile et dangereusement imprécis», en considérant de surcroît que «la volonté d'établir une surveillance et un contrôle du langage, notamment au nom de l’homosexualité, paraît contestable». Il y a des choses qui ne changent pas : les leaders de ce mouvement se trouvent parmi les autorités religieuses, les associations familiales catholiques et l’ensemble des forces conservatrices.




Ce qui est particulièrement stupéfiant dans l'attitude de ces opposants, c'est  leur assurance en leur propre choix de vie.  Prenons  pour  exemple  la  lettre  envoyée  par l'Association des Parents d'Elèves de l'Enseignement Libre  (association de parents d’élèves d’enseignement confessionnel). On peut y lire : « Le mariage, c'est l'union d'un homme et d'une femme qui s'engagent l'un envers l'autre, se promettent aide et assistance, et s'unissent pour accueillir et éduquer leurs enfants. Jusqu'à preuve du contraire, on n'a pas trouvé mieux pour élever un enfant qu'un couple formé d'un père et d'une mère qui s'aiment et qui s'engagent dans une vie commune pour le bien de l'enfant ». C'est un point de vue qui n'a rien d'étonnant mais qui peut laisser dubitatif : on connaît tous des parents qui tout hétérosexuels qu'ils soient, éprouvent des difficultés à éduquer leurs enfants. La suite de la lettre est plus surprenante : « L'union de deux personnes de même sexe n'est évidemment pas de même nature, ne répond pas aux mêmes objectifs et ne peut donc recevoir le même nom ni la même reconnaissance par l'Etat ». Une telle phrase relève de la confusion entre le mariage civil et la conception catholique du mariage, et donc de la manipulation idéologique :  à  quels  « objectifs » pourrait prétendre l'union de deux personnes du même sexe ? Si c'est encore une fois la question de la filiation qui est en embuscade, nous sommes  désolés  de  rappeler  à  cette  association  que  certains  couples mariés ou non hétérosexuels n'ont pas de désir d'enfant et que certains couples homosexuels ont des désirs d'enfant. Ce n'est pas un avis, c'est un fait et les lois doivent permettre le respect de l'intimité de chacun.

Huit pays européens autorisent le mariage pour les couples du même sexe : la Belgique, le Danemark, l'Espagne, l'Islande,  la  Norvège,  le  Pays-Bas, le Portugal et la Suède. Sur d’autres continents, des pays pourtant réputés extrêmement catholiques comme l'Argentine le permettent désormais.  56 % des Français sont favorables au mariage homosexuel (sondage LH2 pour Le Nouvel Observateur réalisé vendredi 11 et samedi 12 janvier 2013), de même que 76 % des jeunes de 18 à 24 ans (sondage CSA pour BFM TV
publié 14/12/12). Le premier bébé français né en 2013 en métropole a deux mamans. Pas de doute, la société évolue et des lois doivent venir encadrer ces nouveaux modes de vie afin de protéger les conjoints et leurs enfants.
Pour soutenir cette loi de progrès social et réduire ses opposants à leur plus simple expression, celle du refus de l’égalité, il est donc essentiel de se mobiliser le 27 janvier prochain à Paris et, au-delà des manifestations, de convaincre amis, familles, collègues et voisins. Soyons-en certains, alors que la frange la plus conservatrice de la société française est pleinement mobilisée et que la question est l’occasion pour une large partie de la droite de  jetter  les  fondations  d’un  rapprochement  avec  l’extrême-droite,  le moindre recul du gouvernement sur cette loi ouvrira la voie à d’autres reculs et régressions.


Bora YILMAZ, 33 ans,
Professeur de Sciences économiques et sociales