Accord de libre échange UE /USA : un partenariat dangereux pour les peuples













L'objectif de ce Partenariat transatlantique sur le commerce et l'investissement (TTIP) dont les négociations ont commencé le 8 juillet, est de faire sauter les verrous économiques, normes et règlements, afin de libéraliser tous les échanges entre les deux marchés. 

Il augmenterait le pouvoir des multinationales qui pourraient mettre la pression sur les Etats s'opposant à elles, et de fait elles décideraient une fois de plus du destin des nations. 
Il y a des inquiétudes à avoir sur l'avenir de nos démocratie déjà mises à mal par trente ans de néolibéralisme.
Certes, les négociations vont se poursuivre car de nombreuses divergences existent entre les Etats membres et la commission européenne, ainsi qu'entre l'UE et les USA, et quelques secteurs posent des problèmes tant les enjeux sont importants. Notamment la question de l'agriculture, des normes alimentaires et bien sûr des OGM. Comment éviter l'importation de maïs transgénique ou de bœuf aux hormones si le TTIP voit le jour ?
Autre point d'achoppement, la culture, l'audiovisuel et l'exception culturelle qui dispense de l'obligation d'ouvrir les marchés de produits culturels à la concurrence étrangère. Exception que  les  Américains  prennent  pour  du  protectionnisme.  Ces  mêmes  Américains  veulent d'ailleurs que le secteur financier et les banques soient exclus des négociations, alors que Bruxelles veut débattre d'une régulation bancaire. Et si aux USA, l'ouverture des marchés publics est limitée de sorte à favoriser la consommation de produits nationaux, Bruxelles voudrait  que  cette  règle  soit  assouplie  et  bénéficient  de  la  sorte  aux  entreprises européennes, ce que refusent les Américains. En Europe les marchés publics sont ouverts à 85% contre 32% aux USA. Voilà qui promet !

Il  reste  nombre  d'inconnues  sur  les  conséquences  et  implications  sociales, environnementales et culturelles. Non seulement pour l'Europe mais aussi pour le reste du monde.
Si globalement, la France ne s'oppose pas au projet, elle reste ferme sur certains points et la ministre  du  commerce  extérieur  exige  la  transparence  en  demandant  à  la  commission européenne qu'elle rende public son mandat pour ne pas négocier «dans le dos des peuples et des sociétés civiles». Selon elle, «cette négociation intéresse les entreprises, les syndicats de salariés, les associations de consommateurs, les ONG, les peuples enfin, et les choix profonds des sociétés européennes doivent être respectés».
Espérons-le, car ce partenariat risque plutôt de se transformer en accord de dumping social. «Halte au poker menteur», titre ainsi le quotidien Libération dans lequel la ministre a mis en garde contre une «vision idéalisée de la relation franco-américaine ». Car cet accord parle bien de dérégulation, de suppression de protections collectives et comme le nomme Jean Gadrey d'Alternatives  économiques : «un faux AMI pire que le vrai et une façon de formaliser la liberté d'exploitation des peuples par les multinationales ».
Le TTIP nous veut du mal au nom d'un hypothétique croissance et une vingtaine d'ONG dénoncent des lobbies qui n'ont pas à décider de notre avenir.
Pour  Benjamin  Coriat,  des  « économistes  atterrés »,  dans  la  mesure  où  les  barrières douanières sont déjà très basses (entre 2 et 4%), le niveau des échanges très élevé, ces négociations vont se faire sur la simplification des normes et réglementations et ne peuvent que déboucher sur un accord vers le bas, L'Europe va devoir détricoter une série de normes qui font sa spécificité et va être inondée par des produits et des entreprises déjà installés sur des normes abaissées.
En conséquence, cet accord risque de mettre en cause le modèle social européen et affaiblir l'Europe  politique  pour  en  faire  une  Europe  de  pur  marché,  comme  le  souhaitent  les néolibéraux.
Benjamin Coriat oppose l'argument selon lequel «négocier un accord avec les USA ne nous rend pas plus forts, au contraire. Une fois les normes abaissées, nous seront affaiblis» car c'est bien «la déréglementation et l'élimination des normes et contraintes qui pesaient sur le système bancaire américain» qui nous ont plongés dans une crise financière qui n'en finit pas.
Que deviennent, entre autres, les tentatives de reconstruction financière de l'Europe, de la taxe sur les transactions financières ?
Voilà qui interroge sérieusement sur l'avenir de l'UE et de ses peuples.

Daniel

Section de Nancy




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