Le piège de l'austérité


En 1929, la crise de Wall Street qui a frappé des centaines de milliers de travailleurs aux Etats-Unis a rebondi en Europe et comme aujourd'hui, a permis au fascisme de gagner du terrain. En France, dans les années trente, chômage et bas salaires sont le lot de la classe ouvrière qui est touchée de plein fouet; l'état se fait autoritaire et intransigeant et déjà, les travailleurs immigrés servent de boucs émissaires, En 1934, les ligues d'extrême droite manifestaient le 6 février et cherchaient à déstabiliser la démocratie. Et si l'histoire ne se répète jamais, elle transmet en revanche ses leçons à la réflexion des générations suivantes. Aujourd'hui, les néolibéraux préparent les politiques qui sont en tous points similaires à celles menées dans les années 1930 par Hoover, Laval, Bruning et qui ont conduit l'Europe droit dans le mur. Il est inacceptable que l'état les laisse faire et démissionne de sa position et de sa mission de stratège de l'économie, tout en livrant le social en gage aux marchés financiers. 
La crise déclenchée par le capital financier a bon dos. Elle permet au patronat d'exercer une pression sur le marché du travail, les salariés et leurs droits. Depuis 2008, le transfert des dettes bancaires privées sur les dettes publiques a favorisé l'émergence d'une orthodoxie budgétaire qui a érigé en dogme la réduction des déficits publics et poussé les états à engager des politiques d'austérité et des réformes dites structurelles.



Face à cela, il s'agit non seulement de résister mais aussi d'opposer des voies alternatives. Selon le Bureau International du Travail (BIT), l'Union Européenne est dans la trappe de l'austérité. Pour lui « les réformes structurelles motivées par l'assainissement budgétaire et le rétablissement de la compétitivité à court terme sont de nature à détériorer la situation des salariés, des chômeurs et des retraités et constituent un obstacle au rétablissement économique et social à long terme » Il s'agit donc de réduire le « coût » du travail, les droits et protections réglementaires, perçus par le patronat et les institutions internationales comme des obstacles aux licenciements et des rigidités empêchant la création d'emplois (Sic).
L'Institut de recherches économiques et sociales (IRES) rappelle qu'empiriquement, rien ne vient étayer cette antienne. Au contraire ! « En période de stagnation de l'activité, simplifier les licenciements crée du chômage sans création parallèle d'emplois. Et pourtant, 76% des pays industrialisés ont recours à de telles mesures » Une étude de l'IRES explique que les pays qui se sont vu imposer un rude ajustement budgétaire et un assouplissement du droit du travail ont vu leur taux de chômage augmenter. Les concession accordée au capital sont légions (inflexion salariale, travail précaire, réduction des heures travaillées …) et ne se sont pas traduites par des contreparties en emploi. Tous ces plans d'austérité sont donc des obstacles à une reprise économique. 
 
Les pays dits avancés voient leurs droits sans cesse remis en cause et sur d'autres continents, le défaut de droits fait la part belle au travail informel qui ne cesse d'ailleurs de croître et qui est une logique capitaliste selon laquelle le travail est un coût et ses réglementations des rigidités.

L'économiste Robert Salais appelle à un changement de paradigme et à ne plus se satisfaire de l'ordre mondial néolibéral mais à promouvoir un nouvel ordre mondial en étudiant au préalable les conditions d'une égalité des échanges et en dégageant les banques de la drogue de la spéculation pour qu'elles reviennent à l'investissement dans l'économie réelle. Ce qui suppose de replacer le travail et les salariés au centre de la réflexion et de l'action. Le secrétaire général de l'UGT (Espagne) affirme que maintenir l'euro à son niveau actuel face au dollar ou au yen a des conséquences dramatiques sur l'emploi et les salaires et aucun effet économique positif. 
 
Partout des voix s'élèvent et des idées émergent pour sortir les pays du fatras néolibéral. Les constats sont partagés d'où la nécessité de renforcer la démocratie sociale, que les peuples redeviennent acteurs et décideurs et que leurs attentes soient prises en compte. Tous les gouvernements, face à la crise, n'opposent pas une cure d'austérité qui aggravent la situation et de fait génère un déficit de confiance et de projection dans l'avenir. Certains gouvernements adoptent des dynamiques de relance, soit par la hausse des salaires comme le prône le BIT, soit par le renforcement de la protection sociale. C'est ainsi que le Brésil a lancé la « bolsa familla », l'Argentine a viré le FMI et la Bolivie les consortiums de l'énergie. Même Obama a pris des mesures qualifiées de révolutionnaires dans son pays avec la réforme de la santé et le réengagement de l'état dans Général Motors. Ce que devrait faire notre gouvernement en nationalisant les sites rentables. 
 
Les solutions pour en finir avec ce capitalisme en faillite qui mine la croissance existent bien. Tout l'enjeu est de parvenir à peser, à infléchir cette situation et à faire autrement. Et c'est possible !

Daniel

Section de Nancy

2 commentaires:

Steph' a dit…

Un jour viendra où les choses changeront enfin... mais mon avis c'est que c'est pas pour tout de suite.

Unknown a dit…

Salut Steph'
Eh oui c'est pas pour maintenant, malheureusement le changement ne se décrète pas, il faut créer les conditions de ce changement. Faisons de la politique!
Fred