Souvenons-nous
qu'en 2010, écœuré, Eric Verhaeghe, un responsable du Medef,
ex-président de
l'APEC (emploi des cadres) a claqué la porte de la grande maison
patronale en dénonçant «
L’immobilisme bréjnévien qui y règne ». Pour lui, le Medef est
incapable de tirer les enseignements de la crise économique et
financière de 2008. Il dénonce également la politique d'allègement
des cotisations sociales, rebaptisées charges par le Medef. En ligne
de mire aussi, la vaste table de poker où les marchés financiers
décident de nos destins et sur laquelle plus de 600 000 milliards
d'euros s'échangent chaque année, soit l'équivalent de dix fois la
richesse mondiale. Décapant !!!
En
2013, non seulement le Medef n'a pas tiré les leçons de 2008, mais
la cupidité étant la plus
forte, il a amplifié le phénomène. Irresponsabilité, appât du
gain, l'insatiable Medef en veut toujours plus. Mais une chose est
sûre, le modèle néolibéral est en faillite et le capitalisme est
sénile et moribond. Cette civilisation arrive à sa fin, il est
temps de passer à autre chose et de prendre de vraies mesures pour
sortir de la crise du capital.
En
attendant, Gattaz a placé la barre très haut et le successeur de
Parisot a réclamé lors de l'assemblée
générale de son organisation « trois actions indispensables dès
cette année » au gouvernement : une économie de 100 milliards
d'euros sur cinq ans pour les entreprises, répartie à égalité en
une diminution des cotisations sociales et une autre des impôts,
assorties à « une simplification du Code du travail ». Il espère
donc faire pire que l'ANI.
Premières
mesures requises : « un transfert sur cinq ans de 50 milliards
d'euros de cotisations vers des mécanismes de type TVA et CSG, 10
milliards par an ». Car les cotisations « pèseraient » sur le
travail. Ensuite, « une baisse sur cinq ans des prélèvements
obligatoires de l'ordre de 50 milliards d'euros, en impôts divers et
taxes ». Parce que cela pèserait sur nos marges. Du coup, il lance
un ultimatum au gouvernement : « Nous n'accepteront plus de hausses
des prélèvements obligatoires, ni de hausses de taxes ou d'impôts
qui pèsent sur nos activités ». Entendez sur nos dividendes.
Il
soumet donc au gouvernement un pacte de confiance qui débarrasserait
le patronat de ses «ronces
», dixit Gattaz. Il propose une véritable loi de la jungle et
revient sur l'éternel refrain libéral ressassé bien avant la crise
: les charges, les contraintes administratives, le coût du travail …
donc rien de neuf. Il défend aussi le « dialogue social ». Non par
souci de démocratie, mais pour le faire prévaloir sur la loi en
sachant très bien qu'entre patrons et salariés se joue non pas un
lien d'égalité mais bien de subordination.
Il
exige une réforme des retraites fondée sur l'allongement de la
durée du travail, une réforme de l'assurance chômage et de la
formation professionnelle … et aussi de l'employabilité.
Son
projet s'appelle « France 2020 » et passe par une révision de
l'environnement législatif, social et réglementair
e, par le développement de nouveaux marchés (énergie, tourisme, santé ...) en faisant appel au secteur privé via les délégations de service public ou des partenariats public/privé. Tout en réduisant bien sûr la sphère publique. Il prétend aussi s'attaquer au chantier européen avec une logique d'action qui prenne résolument en compte la compétitivité. Encore et toujours la même rengaine.
Grand
pédagogue, il compte expliquer aux citoyens ses règles de
l'économie : celles qui conduisent au désastre social et à la
récession dans toute l'Europe. Il veut rencontrer les élus,
les salariés pour tout leur expliquer, mobiliser les chefs
d'entreprises et travailler étroitement avec la CGPME.
Ce
sinistre individu réclame donc des efforts « Au gouvernement, pour
mener les réformes indispensables; à nos salariés, pour les
comprendre et les accepter ». Les chefs d'entreprises sont quand à
eux priés de les mettre en oeuvre au nom de la croissance, ou plutôt
de leurs profits et de leurs dividendes.
Daniel
Section
de Nancy